jeudi 25 octobre 2012

6 ans et pourtant...

il me semble que c'était hier. Mais en même temps, la plaie se cicatrise, la chair est moins à vif et la brûle est apaisée. Le moment de panique à l'idée de ta disparition sont moins fréquents et les larmes moins promptes à couler lorsqu'un souvenir troublant remonte à la surface.
Malgré tout ce que je viens d'écrire, je continue de te parler tout le temps, je sens même parfois ta présence et ce chaque fois que je passe par des moments difficiles. Par exemple, quand mon petit homme est partie pour la maternelle lors de cette première journée de rentrée progressive. Mon coeur de mère était complètement chamboulé, je suis rentrée à la maison les yeux plein d'eau. Pendant que j'attendais l'autobus sur le bord de la rue, j'avais l'impression que tu te trouvais derrière moi la main sur mon épaule.
Plus encore, mamie, quand Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, j'ai eu l'impression que tu étais là et que tu m'as aidé à garder le contrôle. J'ai cru que ma vie s'effondrait. Tout ce que j'ai connu dans mes 11 dernières années, le réseau social que je me suis construit. J'ai vu tout ça partir en l'espace de quelques minutes devant mes yeux. En 30 secondes, dans ma tête, l'impact de cette décision politique m'est apparue. Mais, en même temps, mamie, je me suis rappellé que toi aussi tu as été déracinée de ton univers. Je me suis dit que si tu y étais parvenue avec 7 enfants sur les bras, je serais capable de passer au travers tout ça moi aussi. Ça fait peur, on ne sait tellement pas où on s'en va. C'est l'incertitude et l'inconnu qui nous tue en ce moment. Tout le monde tente de nous rassurer. "Ils sont obligé de le replacer dans un rayon de 50 km." 112 ingénieurs dans un rayon de 50 km? Vraiment. "Marois crée un fond spéciale" Ben oui, toi, 200 millions. On va aller où avec ça? Chaque fois qu'un moment de panique me prend, je pense à toi. Je t'imagine en train de me bercer comme tu le faisais tout le temps et je souris de nouveau. Il faut que je sois forte pour mes enfants. J'essaie, j'essaie très fort, mais j'ai peur. Ça implique tellement de choses. Changer mes enfants d'école, demander une mutation, trouver une mutatation, apprendre un nouvel emploi, trouver une nouvelle garderie pour ma dernière, vendre notre maison, acheter une nouvelle maison, recontruire notre réseau social, reconstruire un réseau social aux enfants,...
Je sais que tu étais là aussi quand j'ai eu cette horrible céphalée en grappe. Je comprend maintenant ce par quoi tu as du passer quand on t'a annoncé que tu étais malade et que ça risquait de revenir. Vivre la douleur au quotidien et la crainte constante que ça revienne. Je n'avais jamais eu de migraine, mais depuis que j'ai eu cette drôle de maladie, il ne se passe pas une semaine sans que j'aie un mal de tête carabiné ou une migraine. Il semble que ce soit ma nouvelle réalité. J'apprend à vivre avec au quotidien.
Malgré toutes les mauvaises nouvelles des deux derniers mois, je continue de m'accrocher. Je m'accroche et je crois qu'il n'y a jamais rien qui n'arrive pour rien. Quelque chose de mieux m'attend quelque part.

3 commentaires:

  1. Billet très émouvant, Isabelle.
    Je t'envoie des ondes de courage. xx

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  2. Grande soeur lâche pas! On est tous avec vous et tu le sais et tu l'as dit, grand-maman est toujours avec nous en tout temps mais surtout dans les moments difficile. Tu sais, quand ca ne va pas tres bien, je sens qu'elle est avec moi!! Vous aller passer au travers! Et oui 6 ans c'est vite passée mais je pense toujours autant a elle. Tu me manque grand-maman!!! xxxxx

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  3. Merci Sylvie. Ma mamie était mon idole. Elle était forte, aimante et joyeuse. Elle s'est battue plus de 20 ans contre le cancer. On lui a vidé les poumons 4 ou 5 fois de liquide. Elle élevé 7 enfants presque seule car mon grand-père travaillait sur les chantiers. Elle était généreuse, de son temps et de sa personne. Elle tricotait des petites pattes qu'elle offrait aux nouvelles mamans. Elle passait ramasser des dons pour différentes levées de fonds et faisait du bénévolat. Je la suivais partout.
    Avant de mourir, elle a demandé à mon oncle de la filmer pour m'offrir des adieux uniques. Elle a refusé que je vienne la voir parce qu'elle ne voulait pas que j'accouche loin de mon Homme. Elle pensait à tout, tout le temps. Son départ a été l'un des moments les plus durs de ma vie et encore aujourd'hui, il m'arrive de pleurer de ne pas avoir pu lui dire aurevoir en personne.

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