samedi 11 décembre 2010

Joséphine et le Père Noël

Pour faire suite à la suggestion de l'Ermite, voici un petit conte de Noël de mon cru. J'ai de la difficulté à écrire des trucs tristes et sombres à cette époque de l'année. Alors, c'est dans le style léger et enfantin.

***


Joséphine regarde sa maman se faire une beauté. Déjà, elle est habillée d'une magnifique petite robe de velours bourgogne, bordée de fourrure synthétique. Maman lui a attaché et frisé les cheveux. Aujourd'hui, Joséphine a rendez-vous avec un homme important : le Père Noël.


Voilà maintenant un an qu'elle attend son retour. Elle a fait bien attention à être bien gentille avec son petit frère, mais ce n'est pas très facile. Des fois, il la mord quand «les dents lui travaillent». Des fois, il pleure si fort que cela lui fait mal aux oreilles. Non, ce n'est pas facile d'avoir toujours envie d'être gentille. Des fois, elle aurait envie qu'il disparaisse et d'avoir maman et papa pour elle toute seule. Mais, Anthony est encore tout petit, dit maman, il ne comprend pas quand il fait quelque chose de pas gentil.

Quand maman est enfin prête, tout le monde embarque dans la voiture pour se rendre chez grand-maman Rolande. Elle est gentille grand-maman Rolande. Elle donne toujours des sucreries aux enfants, elle les berce et leur dit des mots gentils. Elle a une chambre pleine de jouets pour les enfants et cuisine toujours ce que les enfants lui demandent. Mais pas pour Noël.

À Noël, il n'y a que des trucs moches à manger : un buffet froid. À Noël, les grands n’arrêtent pas de parler tous en même temps dans la cuisine et les petits doivent rester dans le salon entre eux. On doit s'arranger tout seul quand il y en a un qui fait des bêtises.

Assise dans le salon, Joséphine regarde par la fenêtre, en tenant son ourson Nounou. Elle soupire à fendre l'âme. Franchement, elle ne s'amuse pas du tout dans cette rencontre où seuls les grands semblent avoir du plaisir. Noël n'est-il pas censé être une fête pour les touts petits? Joséphine en doute en ce moment. Elle ne se sent pas du tout concernée par leurs discussions. Même l'idée de se coucher tard et de déballer des cadeaux commence à la lasser.

Par la fenêtre, elle remarque soudain des traces... de grosses traces... Puis, un bruit sur le toit. Qu'est-ce que c'est? Se pourrait-il que? Les autres touts petits s'excitent. Ils deviennent fébriles. Un son de porte qui ouvre et qui ferme. Joséphine commence à réaliser ce qui se passe. C'est enfin lui! Après un an d'attente. Il passe devant elle et vient s'asseoir sur le fauteuil favori de grand-papa Zéphirin. Il lui fait signe de s'asseoir sur lui.

Curieux! Il sent le même parfum qu'oncle Jean-Claude, et il a la même montre. Ce n'est pas lui. Ce n'est pas le Père Noël. C'est oncle Jean-Claude qui s'est déguisé. Joséphine accepte le cadeau que lui tend le faux Père Noël et va l'ouvrir au centre de la pièce en s'essuyant les yeux. Tiens, c'est la Barbie qu'elle voulait tant avoir, celle avec le carrosse de Cendrillon. On lui demande pourquoi elle pleure, cette voix, c'est celle d'oncle Jean-Claude! Si...

Elle n'a que le temps de lever les yeux et de voir le gros bonhomme tourner le coin, la porte se ferme et les bruits sur le toit. Elle s'élance vers la fenêtre, mais déjà, il n'est plus là. Elle a raté son rendez-vous.