jeudi 28 octobre 2010

Vous me manquez

Cette semaine, j'ai beaucoup pensé à vous. Chaque année qui passe, je vous redis le au revoir que je n'ai pas pu vous faire le moment venu.
Vous êtes parties trop vite toutes les deux. Il a tellement de choses que j'aurais aimé partagé avec vous. Cependant, je garde des souvenirs indélébiles de tous mes moments de bonheur avec vous.

Il y a 4 ans...
Je me vois encore revenir du travail, m'asseoir à la table avec mon ventre rond. Très rond. Près d'exploser. Le téléphone sonne. Ce jour là, le médecin me recommande de rester à la maison au repos. J'expliquais ça à Steve. Je répond. Ma soeur. La voix déconfite. Elle me dit que tes jours sont comptés. Ça se peut pas! Non! Pas là! Pas maintenant que je vais te donner ton premier arrière-petit-fils. Tu voulais tant le voir. Ta voix brillait quand je t'en parlais. J'ai pleuré... Élysanne me regardait avec ses yeux de petite fille de 20 mois. Sans voix. Incapable de dire ma détresse. Je suis seule à Trois-Rivières. Toute la famille est à ton chevet. Le médecin refuse de me laisser partir, trop de risque d'accouchement prématuré. Mais comme d'habitude, tu penses à moi avant de penser à toi. Tu m'as fait préparer un film que je ne verrai qu'un mois plus tard. Je te le caches pas mamie, je ne suis pas certaine que mon deuil soit complet. Mais saches que tu vis toujours au fond de moi. Mon fils, dont tu as choisis le nom, possède ta bonne humeur et ta joie de vivre : un petit clown. Mamie Réjeanne, je t'aime.

Il y a 2 ans...
Il y a longtemps que tu ne me reconnaissais plus... Maudite maladie : l'Alzheimer. Je n'étais plus capable d'aller te voir, mon coeur en pleurait chaque fois. Le médecin venait de m'arrêter de travailler. Trop de chutes de pression, trop de risque pour bébé. Je ne peux venir te faire mes adieux. (scénario connu. C'est là que j'ai décidé de ne plus tomber enceinte : trop de risque que quelqu'un meure.) Enceinte, immense : vraiment grosse. Je n'avais plus de place pour mettre cette foutue bedaine vergeturée. Je me remémore, assise sur le divan, tout ces moments où tu me faisais sourire. Quand tu m'as dit d'essayer plein de garçons parce que j'étais belle comme toi. Quand tu as fais une scène à un copain de classe en Soins infirmiers parce que tu voulais que ce soit moi qui t'amène tes Tylénols. Quand tu te vantais à tout le monde que je serais garde-malade. J'ai jamais osé te dire après que je changeais de branche après 5 sessions. Puis après... ta mémoire s'effaçait. Tu me criais des noms lors de mes visites. Tu ne savais plus qui j'étais. Je suis partie étudier à Québec et tu m'as oublié. Je t'ai donné, 2 mois plus tard, sans que tu ne vois jamais aucun de mes enfants, ta 19e arrière-petite-fille. Grand-maman Anna, ce soir je pense à toi.

J'ai perdu mes 2 grands-mères dans la dernière semaine d'octobre. Mes grands-mères... vous me manquez.

4 commentaires:

  1. Il n'y a que le temps pour mettre un beaume sur ces plaies. Que leur souvenirs te bercent dans les jours meilleurs.

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  2. Tu es très touchante, Isabelle.

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  3. @ ClaudeL : Ce n'étais pas mon intention. Mais pour être honnête, j'avais les yeux plein d'eau en écrivant ce billet.

    @ Pierre : Effectivement, le temps met un beaume, mais la dernière semaine d'octobre est encore émotive. Le 25 et le 26 sont les jours les plus difficiles.

    @ Karuna : Merci.

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