Mamie avait l'habitude de me sortir cette phrase quand j'étais dans des épisodes de découragement intense. Elle était très sage, ma grand-mère. Elle donnait ses conseils gratuitement, et ce, même si elle savait que, bien souvent, les graines ne tombaient pas dans de la terre fertile.
Pourquoi je vous parle de cela ce matin? Parce que la vie m'a beaucoup fait réfléchir hier. Vous vous rappelez de mon oncle qui a le cancer? Il a été de nouveau hospitalisé et, cette fois, il n'en sortira pas.
Mon oncle a une foi inconditionnelle en mes moyens. Il me voit comme une super héroïne sortie tout droit d'un de ses comic strips. Des fois, ça fait peur. Mon oncle travaillait pour les Messageries Benjamin. Il avait un job de merde, sous payée, dont le partron n'était pas reconnaissant. Il l'exploitait. Pourtant, il avait une technique d'administration. Il aurait pu avoir un meilleur job. Il aurait pu mener une meilleure vie. Mais, c'est ce job-là qu'il a dégoté. Dans les faits, il ne savait pas se vendre et son estime de soi est tombée sous zéro. Il se percevait comme une victime de la vie et c'est ça qu'il est devenu : presqu'un sous homme. C'est pathétique.
Il m'a déjà dit qu'il avait demandé à ma mère pour être mon parrain. Première de la famille, il m'adorait avant même que je sois née. Et moi, j'avais de la misère à le voir en peinture. Il avait une personnalité de type asociale et il dépendait toujours de tout le monde. Ma plus grande crainte quand j'étais petite était de devenir un peu comme lui. Je l'évitais pratiquement. Pourtant, il était un homme généreux. Il me ramenait toujours plein de magazines : ceux qui étaient abîmés légèrement ou qui étaient retournés parce qu'ils n'avaient pas trouvés preneur.
Ayant partagé ma crainte avec mamie, elle m'avait servi cette maxime : "Aide-toi et le ciel t'aidera". Elle m'a ensuite expliqué que dans la vie, quand on donne du sien, on finit toujours par en récolter le fruit. Si tu travailles bien à l'école, tu as de bonnes notes. Si tu travailles un peu pour garder ta maison à l'ordre, les autres vont aussi t'aider. Si tu démontres de la volonté à vouloir avancer, tu auras des promotions. Tout est proportionnel à l'effort que tu y mets. La petite graine de ma grand-mère était tombée en sols fertiles. J'ai toujours mis ce précepte en application et j'en récolte les fruits.
Le résultat est que mon oncle, me percevait comme une fonceuse, alors que moi, je me perçois plutôt comme quelqu'un qui donne les moyens d'atteindre ses buts. Je ne veux pas devenir une haute placée, je ne veux que prendre ma place: avoir un job décent, un salaire raisonnable et une famille unie. La dernière fois que je lui ai parlé, il m'a dit qu'il était certain que j'aurais la job que je désire avoir et que le processus n'était pas affiché parce que je n'étais pas encore au bon endroit. Les événements lui donne pratiquement raison.
Pour lui, c'est tout le contraire. Il est pratiquement mon antithèse. Ma grand-mère l'aimait et essayait toujours de l'aider. Elle espérait qu'il finirait par mettre un peu du sien. Elle s'est fait du mauvais sang toute sa vie pour lui. Je l'ai même vu rager contre lui une fois et pourtant, elle ne se mettait jamais en colère. Il a beaucoup pleuré quand elle est partie. En fait, il a piqué une crise en demandant pourquoi elle lui faisait ça. Maintenant, il s'en va la rejoindre de l'autre côté, la même maladie l'emporte.
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