Voilà maintenant 2 ans qu'Insolite Univers est sur la blogosphère. Pour suivre la tradition, je vous offre une courte nouvelle de mon cru. Ce texte date du mois de février. Je l'avais entre autre, soumis à L'Ermite. Bonne lecture!
La cabane
Quelque part sur Titan...
Trois semaines, trois longues semaines de cavale en pleine jungle. Comme je me suis retiré mon traqueur, je ne peux pas utiliser les taxiporteurs : je suis condamné à voyager par mes propres moyens. Je dois me rendre à une cabane située dans le cœur de la jungle et exécuter un «kill» pour le compte de mon commanditaire.
Enroute, je laisse vagabonder mon esprit dans le réseau d'informations. J'aurais pu le faire avant, mais comme je n'existe plus, il ne m'est pas toujours facile de me connecter sur les réseaux. Je cherche les caméras de surveillance pour savoir qui se trouve à l'intérieur de la cabane : ma cible. Il est toujours pratique de savoir à qui nous avons affaire. En retrouvant le sentier, mon ordinateur m'informe qu'il a trouvé.
L'écran tactile implanté sur mon avant-bras me permet de l'observer... Surprise! Il s'agit d'une mercenaire qui a déjà partagé ma vie : Tracy. Je lui ai appris l'art dupiratage des réseaux d'informations. Nous ne nous sommes jamais vraiment séparé, la vie s'en est chargé. Je suis surpris qu'elle n'aie pas neutralisé les caméras de surveillance. Je remet mon ordinateur en veille et je m'installe dans une cavité à l'abri des grands vents qui balaient la jungle. Ce soir, j'aurai, encore, un repas médiocreconstitué de fruits et légumes lyophilisés et une capsule de protéines, c'est la seule chose que je peux me permettre. Le temps étant une denrée précieuse dans mon métier, on ne peut le perdre à se faire la cuisine. Je reprend ma route ensuite.
Après 3 heures de marche en pleine jungle, j'approche à distance raisonnable de la cabane. Mon ordinateur personnel m'indique que Tracy se trouve au même endroit que quelques heures plus tôt. C'est étrange. Je n'ai pas le temps de m'interroger plus longtemps, un « bip-bip » dans mon oreille signale un appel entrant. Probablement mon commanditaire, j'ignore son identité, mais il paie grassement. Jamais il ne m'a fait faux-bond, la moitié de la somme à l'acceptation d'un
«kill» et j'autre moitié sur réception des photos. J'appuie sur mon lobe gauche pour activer le micro greffé sur mes cordes vocales.
―Chester? Atteignez-vousvotre cible?
― Je suis à 45 minutes de marche. Je m'installe pour la nuit et je m'y rendrai à l'aube.
― Je veux des photos dès que votre mission sera terminée.
Je m'installe pour camper, consulter les réseaux encore une fois tout en consommant mon repas. Je tente de comprendre ce que peux bien faire Tracy au cœur de cette jungle et surtout le pourquoi de son étrange comportement. Quelques secondes me suffisent pour pirater son réseau de surveillance. Je peux observer qu'elle se trouve dansune pièce couverte de photos, de notes autocollantes et de découpures de presse. Ce n'est pas dans ses façons habituelles de travailler. Elle semble marcher tout en tournant en rond comme un lion en cage.
Quelques manipulations du clavier me permettent de me brancher à sa ligne téléphonique pour espionner sa conversation.
―Andrew ne bouge pas. Aucun déplacement dans les dernières 72 heures.
― Enes-tu certaine?
―Oui. Aucune communication électronique. Il vit comme un reclus.
― Ne le sous-estimez pas, Tracy. Beaucoup dépend de vous.
Une fois la communication rompue, j'étais plus que sceptique. J'avais moi-même enseigné à Tracy tout ce qu'elle sait sur les technologies. En échange, elle m'a appris l'art du combat au corps-à-corps. Comment en était-elle revenue à des méthodes aussi... archaïques?
Je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me dérange. Le nom d'Andrew ne m'est pas inconnu, mais je n'arrive pas à le replacer. J'éteins mes ordinateurs et je me couche pour me reposer. Je prend quand même la précaution de mettre mon alarme personnelle à 4 h 45 pourêtre tôt à la cabane.
Environ une heure avant l'aube, je replie mon matériel et je reprend ma marche en direction de la cabane. Mes implants infra-rouge branchés directement sur les nerfs oculaires fonctionnent vraiment bien. Je suis heureux de m'être fait faire cette chirurgie avant de disparaître. À 5 h 35, je mettais lespieds sur le porche. Sans une seule hésitation, je frappe trois petits coups, deux longs et de nouveau trois petits coups : comme du temps de notre collaboration. Tracy m'ouvre rapidement les larmes aux yeux.
― Oh! Chester! Que vais-je faire? Tu arrives à point.
Comme par le passé, je la serre dans mes bras. Elle s'essuie les yeux et m'embrasse comme si sa vie en dépendait. Je la serre fort et je lui chuchote de me raconter tout ce qui se passe. Comme elle a pu me manquer. Je la mène à un fauteuil où elle baragouine des histoires sans queue ni tête avant de s'endormir, le poids de sa confidence sur mes épaules. Voilà plusieurs jours qu'elle se néglige car elle est rachitique : elle qui avait un tonus athlétique.
L'ambivalence me gagne. Devrais-je l'abattre ou lui retirer son traqueur et disparaître avec elle? Comment gagner ma vie alors? Je me lève et dépose un baiser sur ses lèvres. Elle est si jolie. Après quelques heures à la regarder dormir, je sors mon arme et, en fermant les yeux tout embués, j'appuie sur la gâchette. J'envoie à mon commanditaire les preuves demandées, je faisdisparaître le corps : mon «kill» est exécuté, mais pour la première fois, j'ai mal au coeur. Je devrai vivre avec la mort de ma bien-aimé sur la conscience.
Je m'apprête à partir quand une violente migraine me prend. Je me recroqueville sur moi-même, incapable de supporter cette douleur. Quand elle se calme enfin, je ne me rappelle plus où je souhaitais aller. Je me met à tourner dans la pièce comme un lion en cage.
Je m'apprête à partir quand une violente migraine me prend. Je me recroqueville sur moi-même, incapable de supporter cette douleur. Quand elle se calme enfin, je ne me rappelle plus où je souhaitais aller. Je me met à tourner dans la pièce comme un lion en cage.
***
À l'orée de la jungle titanesque, Andrew, un tueur à gage, se dirige vers une cabane afin d'exécuter un « kill ». Il ignore l'identité de son employeur. Il sait cependant que la personne qui s'y trouve est un de ses anciens collaborateurs : Chester. Il l'a vu sur les caméra de surveillance. Il le connaît par cœur, il lui a lui-même enseigné l'art du maniement des armes. Ce qu'il observe en ce moment n'a rien de commun avec celui qu'il connaît. Quelque chose cloche. Il ferme son ordinateur dernier cri et reprendla route. Et cette route, elle sera longue, 3 semaines de marche... minimum.
Deux ans ! Pixel de diamant ! Bon anniversaire !
RépondreSupprimerJoyeux Bloganniversaire!!!! Ca passe vite .. 2 ans déjà.. En route pour deux autres :)
RépondreSupprimerPis c'est pas mal "Geek" sur Titam ;)
Merci beaucoup à vous.
RépondreSupprimer@Richard : lol Si moi je suis pixel de diamant, toi tu es quoi?
@ Pierre : Je sais, mais que veux-tu tant qu'à faire SF, je me suis faite plaisir.